Le reste des vagues, solo d’une trentaine de minutes chorégraphié et interprété par Ingrid Vallus, marque la fin d’une trilogie présentée à Tangente, diffuseur pour des chorégraphes émergents. L’artiste y explore avec sensibilité et curiosité le passage du temps à travers le corps.
Ingrid Vallus, diplômée de l’UQAM en danse, boucle ce triptyque entamé en 2014 avec une pièce qui tente de déconstruire les bouleversements invisibles, ces instants où tout bascule. Lors d’une discussion avec celle qui est adjointe à la programmation à Tangente, elle partage son étincelle pour le livre Les transformations silencieuses de François Jullien, source d’inspiration importante dans son processus créatif. Elle décortique par le mouvement les transitions dans le temps, le vieillissement et les mutations constantes qui traversent nos vies.
Les projecteurs mettent tout d’abord en lumière l’interprète parcourant la scène de long en large, laissant glisser entre ses doigts des grains de sable, clin d’œil au sablier et aux vagues qui rapportent cette matière sur la plage. Cette image est simple mais va droit au but, tout comme ce solo. L’éclairage, faisant ressortir la scène un peu sombre à l’écran, est exploité de façon très linéaire. C’est réellement la musique envoûtante et électrisante de Kim Gaboury (aKido) qui plonge le spectateur dans un état méditatif et qui lui permet de s’introduire dans l’univers intime d’Ingrid Vallus.
L’interprète utilise deux axes principaux afin d’entrer en contact avec le spectateur, soit la respiration et le regard. Pour sa part, la respiration ancre le mouvement et lui offre différentes textures, alors que le regard, parfois un peu forcé, déstabilise. Ingrid Vallus alterne entre trois niveaux dans l’espace, dont le sol, qu’elle s’approprie par l’entremise d’une gestuelle dense et répétitive. Le corps explore ses limites sans toutefois les pousser plus loin. Les mouvements, concentrés au niveau du tronc et des bras, auraient par moments bénéficié d’une plus grande amplitude. Cela n’empêche tout de même pas Ingrid Vallus de transmettre avec intensité ces vacillements émotifs par des gestes fluides.
Bien que quelque peu répétitif, Le reste des vagues brille par sa simplicité et son message universel, évoquant la temporalité avec justesse. À voir en webdiffusion sur la plateforme de Tangente du 30 novembre au 2 décembre 2020.
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