Mon Doux Saigneur présentait le 21 décembre Le jour de la nuit la plus longue, un spectacle en l’honneur du solstice d’hiver. Camaraderie, éclats de rire, musique transcendante et textes évocateurs au Quai des Brumes, l’ambiance était plutôt à l’ensoleillement. Retour sur une soirée chaleureuse et décontractée.
Dès l’entrée en salle, une atmosphère spéciale se dégage. Joyeux Noël, Charlie Brown! occupe la trame sonore d’avant spectacle, alors que la foule entasse leurs manteaux dans un coin du bar, témoignage du sentiment de confiance propre à la scène musicale émergente.
Le spectacle est un programme double: en réponse à l’engouement entourant l’événement, le groupe a offert une supplémentaire quelques heures avant, en formule 5 à 7. Vers 21h30, Mon Doux Saigneur monte sur scène et démarre énergiquement sa prestation avec Hook II et Horizon.
Voyage musical
Bien ancré dans le paysage musical indépendant, le projet d’Émerik St-Cyr Labbé transporte son auditoire sur les longues routes du pays. Fusionnant textures folk, lignes de basse blues et sonorités country, la musique de Mon Doux Saigneur se démarque par ses rythmes et ses mélodies répétitives. Ceux-ci évoquent une cadence qui appelle presque à la méditation. À travers de longues envolées, les refrains accrocheurs et les phrases musicales surprenantes donnent de la couleur aux morceaux.
Les textes de Mon Doux Saigneur rappellent également le grand air. Ils parlent de sortir dehors pour guérir; de se retrouver sur le bord de la rivière; de marcher pieds nus. La poésie de St-Cyr Labbé a quelque chose de brut et de simple, mais demeure imagée et lyrique. Le chanteur souligne d’ailleurs sa gratitude d’entendre la foule chanter ses paroles durant le spectacle. L’assistance se donne à cœur joie en renvoyant son énergie à l’artiste.
Rites et rires
Le jour de la nuit la plus longue s’inscrit dans l’esprit des performances musicales actuelles: le ton est à la convivialité et donne l’impression d’assister à un grand jam entre ami·es. Les chansons Shoegaze, Awaye / Poff Poff et Chu tanné d’attendre sont particulièrement exaltantes avec leurs envolées instrumentales improvisées.
Sur scène, la chimie des musiciens et des musiciennes est marquante. Durant les interventions, ils et elles se lancent des blagues; durant les chansons, les instrumentistes s’échangent les solos. Que ça soit par la spontanéité d’une reprise de Jingle Bell Rock ou par l’évidence désinvolte d’une pause bière, le spectacle est d’une nonchalance rafraîchissante.
Pour l’occasion, le groupe est accompagné de Rose Perron du duo Rau_Ze. Elle assure des harmonies profondes et complexes. Sa voix et celle de St-Cyr Labbé s’entremêlent avec justesse. Le clou du spectacle revient toutefois à David Marchand, qui manie le pedal steel avec finesse. Ses mélodies sont colorées et accrocheuses.
La performance était également offerte par Eliott Durocher-Bundock à la guitare, Mandela Coupal Dalgleish à la batterie et Henri Bouchard à la basse.
Les yeux fermés et un sourire en coin, Mon Doux Saigneur clôt l’année avec un spectacle rassembleur, ludique et musicalement riche. Un événement qui souligne peut-être la noirceur précoce d’un 21 décembre, mais qui célèbre surtout la splendeur de se retrouver autour de la musique.
Crédit photos : Francis Belmont (perdu.sur.film)
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