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La force gravitationnelle de Caroline Laurin-Beaucage

Crédit photo: © Svetla Anatasova


Dans le cadre de sa dernière production artistique Ground et Rebo(u)nd, la chorégraphe montréalaise Caroline Laurin-Beaucage avait envie d’explorer le corps dans son rapport avec l’espace et la gravité. C’est ainsi que se tenait, mercredi soir dernier à l’Agora de la danse, la première représentation de Ground, dans laquelle cinq interprètes performent sur cinq trampolines. Ce spectacle s’ajoute au court-métrage Rebo(u)nd, projeté sur la façade de l’édifice Wilder dans le Quartier des Spectacles. Celui-ci aborde également les mouvements du corps en réponse au poids de la gravité.


Lors de l’élaboration du diptyque Ground et Rebo(u)nd, la chorégraphe voulait amener la danse en dehors des murs. « Ce n’est pas nécessairement la danse en tant que spectacle vivant [que j’aspirais à sortir du cadre], mais [davantage] en tant que travail du corps », rectifie la danseuse. Sortir du cadre, elle le fait tant au sens propre, dans Rebo(u)nd, qu’au sens figuré, dans Ground.

Dans Ground, cinq danseurs sont alignés sur cinq trampolines. Durant l’heure de la performance, les interprètes, empreints d’une grande force physique, ne cessent jamais de bouger, condamnés à répondre aux mouvements incessants des trampolines. Les voir se mouvoir constamment installe un sentiment anxiogène chez le spectateur. Les danseurs sont incapables d’échapper aux mouvements, ils deviennent, en quelque sorte, prisonniers du rythme. Les sons s’éparpillent, forts et soudains, intensifiant le malaise palpable. Les lumières, quant à elles, semblent aussi suivre une force intarissable. Les changements de couleur sont précipités et inattendus, resserrant l’étau autour des sujets qui tentent, en vain, de se libérer du mouvement qui les régit.


Dans Rebo(u)nd, nous sommes dans un tout autre monde; un monde qui interroge toujours la résonance de la gravité dans les corps humains, mais qui le fait de manière moins confondante, moins brutale, plus calme et plus envoûtante. Les enregistrements de danseurs qui sautent librement sur des trampolines sont ralentis  à la vitesse la plus lente, ce qui permet de voir chaque détail du mouvement des corps qui traversent la gravité. Le retardement des mouvements est tel, qu’il donne l’impression que les danseurs ne sont régis par aucune loi gravitationnelle. Il crée un sentiment d’apesanteur, un doux vertige chez le public captivé, qui regarde ces géants bouger calmement au-dessus de leur tête. Rebo(u)nd dévoile des corps qui semblent être sur le point de s’échapper à la gravité, mais qui n’y parviennent jamais, ultimement attirés par ce qu’il y a sous leurs pieds.



Ground est présenté à l’Agora de la danse le 26 octobre à 19 heures, ainsi que le 27 octobre à 16 heures, tandis que Rebo(u)nd est projeté sur la façade de l’édifice Wilder à la place des Festivals tous les soirs à partir de 20 heures, jusqu’au 27 octobre. Il ne reste que très peu de représentations, courrez vous procurer des billets !

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