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La Déesse des mouches à feu : brûler sous l’eau

Photo du rédacteur: Marc-Antoine Franco ReyMarc-Antoine Franco Rey


Adapté du roman de Geneviève Pettersen et présenté au théâtre en 2018, le film La Déesse des mouches à feu est l’un des événements culturels les plus attendus cet automne. Anaïs Barbeau-Lavalette remporte le pari de transposer ce récit cru à l’écran.


La première séquence s’ouvre sur le seizième anniversaire de Catherine, témoin d’une violente dispute entre ses parents. Leurs interprètes brillent par leur justesse respective : Normand D’Amour est fidèle à lui-même et Caroline Néron est bouleversante en mère démunie et dépassée. Kelly Depeault, qui joue Catherine, est une révélation. Son jeu, tout comme son apparence physique, colle parfaitement à l’esprit du personnage, à mi-chemin entre femme et enfant. Sa naïveté juvénile rend d’autant plus troublantes et dérangeantes les actions qu’elle pose. On questionnera les nuances dramatiques de Robin L’Houmeau, incarnant Keven, à savoir si elles sont suffisantes pour comprendre la trame narrative du personnage. On aurait souhaité une plus grande exploration émotionnelle de sa part.


Au fil de rencontres douteuses, Catherine fuit l’ambiance destructrice de son foyer pour plonger dans la consommation de drogues. Notez l’importance du terme « plonger » : Anaïs Barbeau-Lavalette emploie effectivement la métaphore de l’immersion dans plusieurs séquences où l’on voit les remous de l’eau et le personnage de Catherine s’y réfugier pour se calmer ou crier, bien qu’on ne l’entende pas. Comme si, dans ce silence sous les vagues, elle arrivait à trouver la paix. L’attention portée à la sonorité est centrale dans l’œuvre. Le bruit de l’eau, des doigts au contact de la peau, des planches à roulettes sur le sol ; ce souci de l’acoustique s’accorde avec l’aspect sensoriel qui accompagne la prise de stupéfiants, rappelant Requiem for a dream d’Aronofski. À la caméra intimiste d’Anaïs Barbeau-Lavalette s’ajoute aussi la sublime direction photo de Jonathan Decoste, qui donne au long-métrage une valeur esthétique sans précédent.


La Déesse des mouches à feu est un film coup de poing devant lequel on ne peut demeurer indifférent. La sortie de ce film souffle un vent de fraîcheur dans le genre cinématographique du coming of age, si présent depuis les dernières années dans le panorama du cinéma québécois. Il nous tarde d’en voir davantage de la part d’Anais Barbeau-Lavalette, qui signera prochainement un long-métrage basé sur le livre Chien blanc de Romain Gary, traitant du racisme.

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