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L’invitation champêtre de Kassandra Reynolds

Lorsque l’on parcourt les routes de campagne qui serpentent entre les vallons appalachiens de la région de Brome-Missisquoi, le paysage se métamorphose à chaque virage. Défilent sous nos yeux de vastes prairies envahies de fleurs sauvages, des pinèdes entrecoupées de ruisseaux aux eaux cristallines ou des champs cultivés aux textures changeantes en temps de récoltes. D’autre part, on ne manque pas de remarquer les traces de présence humaine qui parsèment cet environnement bucolique. Une grange à la peinture écaillée, un tracteur sommeillant au fond d’un pâturage ou des chevaux broutant paisiblement sur un flanc de colline; voilà quelques témoignages de la présence de ceux et celles qui interagissent avec ces terres, parfois depuis plusieurs générations. C’est cette relation élémentaire entre humain et nature que documente Kassandra Reynolds dans sa nouvelle exposition photographique Peuples et paysages du territoire.


« The Path to the Hundred-Acre Woods », Crédit photo : Kassandra Reynolds


Capter la ruralité en toute convivialité


La photographe émergente ayant grandi dans la région de Brome-Missisquoi, elle la choisit comme toile de fond pour sa plus grande entreprise artistique à ce jour : documenter, sur une période d’une année, les relations entre le territoire et ses occupants. Pour ce faire, elle procède à un repérage minutieux afin de recueillir, en cognant littéralement de porte en porte, les témoignages et les images des habitants et habitantes des environs. Avant de dégainer sa caméra, elle amorce toujours une discussion avec les personnes qu’elle rencontre. Des extraits de ces entretiens, que la jeune artiste enregistre avant de les retranscrire dans un langage oral dégageant une chaleureuse humanité, accompagnent chacune de ses photographies. « Mon désir c’est de donner la parole aux gens. Je veux préserver le langage parlé, ne pas dénaturer les propos. Ça rajoute une couche de personnalité, montre une autre facette de la personne dans la photo », explique-t-elle pour justifier ce choix discursif.



« Vers l’ouest », Crédit photo : Kassandra Reynolds


Une symbolique partagée


Pour la photographe, l’influence de ces discussions résonne jusque dans la sélection des sujets captés : « J’ai intégré dans mes photos des points de repère très personnels, mais, en m’inspirant des gens que je rencontrais, j’ai aussi essayé de reproduire leur propre expérience du paysage, de représenter leur vision ». Ainsi, que ce soit dans la silhouette distinctive d’une montagne ou dans un visage familier reconnu dans l’un des portraits exposés, tout habitué·e de la campagne Brome-Missisquoise se reconnaît immanquablement dans l'œuvre de Kassandra Reynolds.



Crédit photo : Kassandra Reynolds


De passage à Sutton… le temps d’un vernissage


Le fruit de ce projet a été dévoilé le 19 février dernier au centre d'art Arts Sutton, présenté dans une exposition qui s’y tiendra jusqu’au 19 mars. L’ancienne école reconvertie en galerie accueille une diversité d’événements culturels, pour le bonheur des touristes et des citoyens et citoyennes du pittoresque village de Sutton. On arpente la pièce au fil de la chronologie saisonnière selon laquelle Kassandra Reynolds a classé son anthologie photographique, évoquant le cycle annuel des saisons. Agencés de façon atypique en superposition et en dimensions variées, les clichés combinés dépeignent un portrait des plus ressemblants de la saisissante beauté de Brome-Missisquoi.


Parmi les thématiques mises de l’avant dans la série d’images, Kassandra Reynolds aborde l’intergénérationnel, l’écologie ou encore les pratiques d’agriculture si typiques de ce coin de pays. Individuellement, les sujets passent du paysage sauvage, intouché, aux extérieurs et intérieurs d’infrastructures humaines. « Je prends toujours le temps de rentrer dans les bâtiments que je photographie. Ça permet de sentir encore plus l’esprit des lieux », partage l’artiste.



« The Barn is an Old Insomnious Creature », Crédit photo : Kassandra Reynolds


La gigantesque reproduction d’une image représentant l’intérieur rustique d’une grange à foin, qui attire le regard dès l’entrée dans l’espace d’exposition, exemplifie parfaitement cet effet d’incursion dans l'intimité de la population locale. Le motif de la fenêtre est aussi repris dans plusieurs images, évoquant le regard quotidien que l’on pose sur le territoire extérieur. « Le paysage fait partie de notre vie de tous les jours, de façon aussi simple qu’une vue de la fenêtre de notre salon », conclut la photographe sur un ton pensif.



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