Photo: Maxime Côté
En amont de l’écriture de la pièce documentaire L’Assemblée, la compagnie Porte Parole a organisé des rencontres sous forme de tables rondes avec de vraies personnes. Alex Ivanovici, Annabel Soutar ainsi que Brett Watson ont par la suite librement calqué le texte de la pièce sur les dialogues enregistrés lors de ces discussions. À travers des choix de mise en scène pertinents et une célébration du stéréotype, le public a droit à un portrait parodique des participants de ces conversations et, conjointement, des différentes positions politiques au Québec.
Sur la scène de l’Espace GO, assises autour d’une table, quatre femmes aux positions politiques divergentes et issues de milieux sociaux et culturels différents discutent de certaines des questions les plus polarisantes. Le Québec est-il raciste ? Sommes-nous réellement ouverts à l’immigration ? Qu’est-ce que l’identité québécoise en 2020 ?
Bien que la pièce soit actuellement en reprise après avoir été présentée pour la première fois en 2018, elle prend une toute nouvelle dimension après l’adoption, en juin dernier, de la loi 21. La loi sur la laïcité de l’État par le gouvernement Legault est venue alimenter le débat du racisme et de la xénophobie au Québec.
Les actants de l’assemblée
Riham s’identifie comme Québécoise et a des origines égyptiennes. Elle est calme et modérée tout au long de la conversation. Elle partage son désir de s’intégrer ainsi que ses efforts pour y parvenir. Elle peine à réconcilier le fait que la majorité de ses amis sont blancs et québécois, mais qu’elle ne peut toujours pas porter son voile au travail.
Josée, c’est la boomer souverainiste ayant eu des liens douteux avec des groupes comme La Meute. Elle est blogueuse de nature « provocatrice » en plus d’être une « activiste » à la défense de son patrimoine. Elle est « très ouverte », selon elle.
Yara est une Québécoise d’origine libanaise qui a étudié en communication à Concordia. Elle célèbre ses atouts « milléniaux » en criant haut et fort la quatrième vague du féminisme. Malgré le fait qu’elle maîtrise davantage le français que l’anglais, elle avoue s’entendre mieux avec les Anglophones qu’avec les Francophones, car ceux-ci l’acceptent réellement pour ce qu’elle est. Les Québécois de « souche » n’incluent pas les minorités dans leur « projet québécois », selon elle.
Finalement, Isabelle, c’est une femme blanche d’origine française qui habite à Westmount. À travers son éloquence, elle parvient à se donner l’image de la femme éduquée et ouverte. Mais, rapidement, son opposition à des mesures d’accommodement aux immigrants révèle ses réelles positions conservatrices.
La richesse de la conversation se cache derrière les subtilités du langage et des mouvements. Les soupirs, les regards vers l’autre et les silences agissent tous comme dépisteurs d’opinions inavouées. Ces pensées sont souvent cachées des personnes eux-mêmes, surtout dans le cas de Josée. Elle est fermement convaincue d’être ouverte à la culture islamique alors que ses expressions faciales et lexicales révèlent une réticence à l’idée d’accommoder les immigrants musulmans.
Au public d’y siéger
Force est d’admettre qu’après une heure de conversation entre ces femmes, les répliques deviennent quelque peu prévisibles. La discussion tourne légèrement en rond tandis que les croissantes tensions ne semblent que tranquillement dissoudre la possibilité d’une résolution commune. La pièce ne prend pas fin dans cette ambiance, toutefois.
On invite le public à venir prendre part à la conversation. Les comédiens se retirent dans les coulisses. Silence. Aucun cadre n’est fourni au public pour amorcer la conversation. Rapidement, six femmes, adolescentes comme adultes, se lèvent pour s’exprimer. La gêne déserte rapidement la scène pour faire place à des témoignages très pertinents.
Évidemment, chaque représentation donnera vie à une discussion unique. À vous de la découvrir ! L’Assemblée est présentée à l’Espace GO du 25 février au 8 mars.
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