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L’Adam et Ève de Replica

Photo du rédacteur: Élisa MarchildonÉlisa Marchildon

Au cœur d’un jardin d’Éden réinventé, la pièce Replica d’Andrea Peña dresse un tableau saisissant de la non-binarité des corps par un exploit athlétique avec une pincée de danse.


Mention photo: Jeanne Tétreault
Mention photo: Jeanne Tétreault

Travail collaboratif avec les interprètes James Phillips et Frédérique Rodier, Replica plonge immédiatement le public dans un jardin inhabituel. Le public s’installe encore et, sur scène, un jardinier délimite minutieusement sa montagne de graines de tournesol.


Dieu, désintéressé de ses créations ou employé captivé par sa tâche, le personnage reste en arrière-plan tout au long de la performance des artistes. Artistes qui jouent Adam et Ève, mais bien plus queers qu’à l’habitude.


Une grande toile


Tel un défilé de mode, la chorégraphie est constituée d’un enchaînement de poses, d’abord avec des référents religieux ou provenant de la culture populaire. À un moment, le public est face à la Pietà de Michel-Ange et à un autre, il contemple la chorégraphie rythmée d’un culturiste en compétition, les muscles saillants et le visage fier.


Ces poses sont exécutées en alternance par la danseuse et le danseur, Jésus est féminin et masculin. Les tableaux sont nombreux et se suivent. Ils donnent aux spectateurs et spectatrices l’impression de marcher dans un musée et de s’arrêter quelques secondes devant une toile d’un·e grand·e maître ou d’un magazine hypersexualisé.


Ces statues de chair prennent un air de plus en plus animal. Le dos courbé et les poignets cassés, c’est au tour de la fougue du cheval de s’approprier la scène. Comme si l’humain, plus qu’homme ou femme, est finalement et surtout une bête. Ce sont ces références au monde animal ainsi qu’à la culture populaire et biblique qui restent imprimées dans la rétine, bien après la fin de la prestation.


Des reflets et des répétitions


Une minute, les athlètes courent longuement en cercles sur scènes, et l’autre ils exécutent des poses face à face en s’imitant. Cette utilisation de la répétition et de l’effet miroir est visuellement intéressante, surtout au début pour la comparaison entre les corps qu’elle offre.


Ce qui est d’abord pertinent pour l’exploration de la non-binarité étire toutefois le spectacle par moments. Ce sont de longues minutes avec des éléments visuels moins forts qui enlèvent au dynamisme de l’ensemble de l’œuvre. Les parties plus calmes peuvent malgré tout être excusées, car les artistes offrent une performance physique à couper le souffle le reste du temps.


Lorsque des athlètes dansent 


Portés, travail au sol et chutes rythment cette chorégraphie. Les corps sont sculptés à la perfection et la sueur brille sur la peau seulement quelques minutes après le début de la prestation.


Certains moments possèdent même une certaine violence. Par exemple, Frédérique Rodier s’élance pour se laisser glisser, poitrine première, sur la scène qui est désormais recouverte d’eau. La peau claque sur le sol faisant tressaillir le public.


Les athlètes sont presque entièrement nus, et ce, dès les premières minutes. Cette nudité est d’abord surprenante, résultat d’une société pudique, mais au fil des mouvements elle est oubliée pour ne devenir un outil de compréhension, tel un dessin d’anatomie dans un cahier de science.


Si au levé du rideau nos corps semblent différents, par les courbes et par le poil, cela n’est que temporaire. Dans l’essence et dans le mouvement, ils sont identiques et, finalement, ne définissent pas les personnes qui les habitent.


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