Francouvertes, jour 9 : L’étau se resserre
- Samuel Lacasse
- 21 avr.
- 3 min de lecture
La deuxième soirée des demi-finales des Francouvertes, mardi dernier, complexifie la tâche du jury. Maude Sonier, Naïma Frank et Neimo, trio d’artistes éclectiques, s’unissent par leur générosité et leur énergie sur scène. Maude Sonier s’empare de la troisième place du palmarès.

Chaque soir, les Francouvertes pigent parmi leurs ancien·nes participant·es. Tamara Weber vient réchauffer la foule du Cabaret Lion D’or avec son style pop aux sonorités folk et R&B. Son timbre particulièrement haut ne laisse personne indifférent.
Le virage francophone de la musicienne autodidacte permet au public d’entendre les subtilités et la vulnérabilité dans sa voix. Bien qu’elle affirme avoir gagné beaucoup de confiance et d’aise sur scène depuis sa participation en 2022, Tamara Weber se dit rassurée par la présence de sa batteuse et la chaleur du public.
Maude Sonier, Maude Sonier, Maude Sonier
La chanteuse acadienne de pop alternative se présente avec les favoris léchés en spirales. Elle est vêtue de couleurs automnales et d’un col des plus pointus tel un charmant personnage de Tim Burton.
« M'entends-tu ? », « Penses-tu à moi ? »; ses mots nous transportent dans un univers de solitude, de questions sans réponse, d’espoir et de désespoir. Loin d’être larmoyante ou pessimiste, Maude Sonier se veut une version plus vocaliste et colorée d’une Stéphanie Boulay.

Les monologues anecdotiques qui introduisent les pièces de la vingtenaire mettent en lumière sa personnalité authentique. Les « soul scat », des envolées d’onomatopés rythmiques et de syllabes improvisées, exposent l’étendue de son registre vocal. Le public, séduit, ferme les yeux un instant pour apprécier ces moments, se balançant au rythme des prouesses vibrantes de Maude Sonier.
Entre euphorie et mélancolie
Naïma Frank est précise, mais naturelle dans ses mots et sa façon d’occuper la scène. Gracieuse, sa gestuelle maniérée et ses longues tresses accompagnent ses pas de danse. La place de la chanteuse R&B soul Lo-Fi est assurément sur une scène.
Ses textes témoignent de ses déboires relationnels sans complainte, étant plutôt des exutoires thérapeutiques. D’ailleurs, plusieurs chansons sont présentées comme telles : un problème, une solution, une chanson. La thérapie porte fruit.

Naïma Frank se montre particulièrement reconnaissante, en dépit de son exclusion du podium. Le projet de Naïma Francisque, de son vrai nom, est le plus abouti des participants et participantes. Les jeux d’ombre et de lumières, le costume de scène, ainsi que les introductions quasi poétiques des pièces attestent de sa maturité artistique.
Un mec du hood
Rares sont les rappeurs français ayant grandi à Saint-Eustache. Neimo puise dans cet univers culturel pour ses textes rassembleurs aux valeurs sociales, tels que Feuille d’or sur le Kobe. Ses joues roses et son sourire timide trahissent sa nervosité, mais n’entravent en rien sa jovialité contagieuse et sa proximité avec la foule.

Comme un poisson dans l’eau, l’artiste hip-hop navigue à travers les styles et les décennies de son appétit musical riche et insatiable. Néanmoins, l’harmonie souffre d’un léger déséquilibre. Les éléments sonores ne rejoignent pas toujours le rythme et la voix, alors que les couplets de Neimo s’emboîtent comme des blocs de Tetris.
Loin d’être une brebis égarée, le dernier participant de la soirée travaille en meute comme les jeunes rappeurs montréalais de sa génération. Ses ami.es artistes attroupé.es en bord de scène ne lésinent pas sur les encouragements. Neimo prend plaisir à chanter pour les siens et fait du public sa grande famille.
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