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Photo du rédacteurMarc-Antoine Franco Rey

Entrevue avec Philippe Falardeau : Mon année Salinger… un an plus tard



Mon année Salinger (My Salinger year), le dernier long métrage de Philippe Falardeau, teinte d’une féminité nouvelle sa filmographie jusqu’alors majoritairement composée de héros masculins.


Mieux vaut tard que jamais


Un an après avoir fait l’ouverture de la 70ème Berlinale, soit deux semaines exactement avant que la COVID-19 ne frappe l’industrie du cinéma, Mon année Salinger sort finalement en salle et en vidéo sur demande au Québec. « J’étais content qu’enfin le film puisse exister quelque part » confesse Philippe Falardeau, estimant qu’on fait des films pour qu’ils soient vus. Il se dit « très en paix à ce qu’il sorte dans le contexte actuel », ayant déjà pu vivre les frissons d’une première mondiale.


Falardeau signe la réalisation ainsi que le scénario de Mon année Salinger, qu’il a adapté du roman autobiographique de Joanna Rakoff. Cette dernière y raconte comment elle est devenue, en 1996 à New York, l’assistante de l’agente littéraire de J.D. Salinger, célèbre pour avoir écrit L’attrape-cœurs (The Catcher in the Rye), alors qu’elle-même rêvait de devenir autrice. Dépassé par les tonnes de courrier de ses lecteurs et lectrices, Salinger ne souhaite plus recevoir les lettres qui lui sont adressées. Joanna est donc chargée de les lire et de répondre à chacune d’entre elles par un message générique. La jeune femme développera un rapport intime avec ces milliers de correspondant.es et remettra en question sa voie.


Film au féminin


Les histoires qu’a raconté Falardeau à l’écran tournaient jusqu’à présent autour de personnages qui sont essentiellement des hommes. On pense à Bachir Lazhar dans Monsieur Lazhar (2011) ou encore à Steve Guibord dans Guibord s’en va-t-en guerre (2015). Le réalisateur affirme qu’il n’aurait pas pu parvenir seul à cette transition vers le point de vue d’une femme. Travaillant étroitement avec l’autrice Joanna Rakoff et une équipe où les femmes occupaient des postes clefs, notamment à la direction photo, à la conception artistique et au montage, il souligne l’importance de « s’entourer […] des bonnes personnes ».


Au moment de s’entretenir avec Le Culte, Philippe Falardeau achevait tout juste une entrevue pour un journal américain. Il la donnait en compagnie de Sigourney Weaver, une des actrices principales du film, qui y partage la vedette avec Margaret Qualley. Selon le cinéaste, le choix de Qualley pour le rôle-titre s’est imposé de lui-même. La fille d’Andie MacDowell a le jeu dans le sang. « J’avais besoin de quelqu’un qui, par son visage, ses yeux, sa candeur, son niveau d’expression, puisse conférer des choses de manière diverse », mentionne Falardeau. Un défi que l’actrice relève brillamment.


Quant à Sigourney Weaver, elle collait parfaitement au personnage : « Je cherchais une femme qui pouvait incarner les femmes fortes des années 1970-1980 à New York, cette génération de femmes iconiques, féministes. Sigourney possède d’emblée ce panache-là ». Faut-il rappeler que Weaver s’est fait connaître mondialement dans les années 1980 par ses rôles d’héroïnes plus grandes que nature, notamment dans Alien (1979) de Ridley Scott ou encore dans Gorilles dans la brume (Gorillas in the Mist, 1988) de Michael Apted ? « J’étais fan de l’actrice [et] de beaucoup de ses films », avoue Falardeau.


Suivre ses rêves


Mon année Salinger présente un personnage à la croisée des chemins. Philippe Falardeau a lui-même vécu un moment similaire dans sa vie, qui rejoint sans doute tout le monde. « Je m’identifiais beaucoup à cette période de la vie où on a des ambitions et des rêves, mais on n’est pas encore tout à fait en mesure de les définir ».


Se reconnaissant beaucoup dans le personnage de Joanna, le cinéaste explique que sa propre expérience s’inscrit dans certains détails du film. « Il y a un ensemble de choses qui sont arrivées qui ont fait que j’ai compris que je n’étais peut-être pas du bon bord de la clôture, que je devais poursuivre mon chemin au lieu de continuer la carrière que j’avais amorcée très jeune comme analyste politique ». Quelques mentions aux Oscars, à Cannes et à d’autres festivals de cinéma internationaux plus tard, le réalisateur ne regrette sûrement pas son choix.

Mon année Salinger prend l’affiche au Québec le 5 mars, au cinéma et en vidéo sur demande.

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