Jusqu’au 15 août, le Centre canadien d’architecture (CCA) présente l’exposition De l’œil à la fenêtre : Takashi Homma sur Le Corbusier, qui juxtapose la perspective photographique de Homma au travail quasi philosophique de la fenêtre du Corbusier, géant de l’architecture moderne.
Le 1920, rue Baile héberge un musée lumineux et un terrain vert paisible mais, par les temps qui courent, ne voit que peu de visiteurs franchir ses portes. Des circonstances qui prêtent à la découverte des photographies d’architecture intemporelles de l’artiste japonais Takashi Homma. Pendant plus de 15 ans, ce dernier a capturé les fenêtres des bâtiments imaginés par l’illustre architecte suisse Charles-Édouard Jeanneret-Gris, plus connu comme Le Corbusier.
À l’image des exemples choisis du travail des deux maîtres, la salle octogonale qui accueille l’exposition est épurée. Sur les murs, des photographies de Takashi Homma côtoient quelques esquisses du Corbusier. Le mariage logique des deux médiums est parfois évident, parfois plus subtil, mais contribue au final à mieux comprendre l’exposition. Au centre de la pièce sont disposées des « boîtes à images », structures de bois surmontées d’un compartiment fermé qui contient des photographies détaillant des sections vitrées de bâtiments du Corbusier. Bien qu’accessibles à hauteur humaine, ces boîtes à images forcent le spectateur à se déplacer et, ainsi, à remettre en question sa perspective.
Une double réflexion s’effectue en assimilant les œuvres présentées dans De l’œil à la fenêtre. La comparaison entre le rôle de la fenêtre dans un édifice et celui de la lentille dans un appareil photo est, à elle seule, suffisamment intrigante pour attirer l’attention des amateurs d’architecture les plus novices. Le CCA pousse la note encore un peu plus haut en intégrant une dimension de redécouverte ou d’introduction au Corbusier à travers la vision de Takashi Homma. Que ce soit par des séries de clichés mettant en contexte les constructions de l’architecte dans leur paysage réel ou par des prises de vue révélant l’usure, voire le délabrement autour des fenêtres bien-aimées du Suisse, Homma couvre d’un filtre bien personnel l’héritage laissé par Le Corbusier.
L’équipe de conservation de l’exposition parvient à vulgariser le concept abstrait de la fenêtre et de son impact sur l’interprétation de l’espace intérieur-extérieur. Le résultat forme une expérience étonnamment artistique, perspicace et qui donne envie de plonger plus profondément dans l’univers poignant de Takashi Homma. D’un œil sensible, il réussit à insuffler un sentiment de vie et de poésie à un élément architectural en apparence banal. De l’œil à la fenêtre s’inscrit comme une exposition-éclair intemporelle et réconfortante; un bijou de concision qui occupe l’esprit longtemps après l’avoir quitté.
Kommentare