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Chien de Garde, un déchirement familial

« Y’a de ces gens qui ne naissent pas dans le bon milieu, qui n’évoluent pas dans le bon environnement afin de s’épanouir pleinement », me suis-je dit après le visionnement de Chien de Garde de Sophie Dupuis.


Mais ne peut-on jamais échapper à nos racines, à cette sphère familiale où notre destinée a trouvé place? L’œuvre de la jeune réalisatrice abitibienne fait réfléchir à ce sujet.

Présenté en première mondiale dans le cadre de la soirée de clôture du festival Rendez-Vous Québec Cinéma, le premier long-métrage de Sophie Dupuis frappe fort. Par l’entremise d’une œuvre poignante et d’une sensibilité rafraîchissante, la réalisatrice présente une histoire où des personnages font preuve d’une humanité palpable.


Évoluant au cœur de Verdun, JP et son frère Vincent arpentent les rues du quartier en travaillant pour le cartel de drogue de leur oncle Dany, besogne qui engendre plusieurs problèmes. Dans le même appartement, où règne rarement le calme, vivent les deux frères, leur mère Joe, aux prises avec des problèmes d’alcool, ainsi que Mel, la fiancée de JP, qui aspire à un niveau de vie meilleur que celui dans lequel elle est présentement cloîtrée.


Les relations familiales sont au centre de Chien de Garde. Entre amour, fraternité et haine, les personnages passent par une montagne russe d’émotions. Les deux comédiens principaux, Jean-Simon Leduc et Théodore Pellerin, livrent un jeu « rentre-dedans », où chaque émotion, si subtile soit-elle, est ressentie.


« JP, c’est un personnage hyper empathique, protecteur, qui joue en fait le rôle du père dans cette famille-là, famille qui a un père absent. Il prend un peu ce mandat-là sur ses épaules et je pense qu’il est un peu fatigué de tout ça », explique Jean-Simon, l’interprète du personnage. « Il est un peu tombé dans la mauvaise famille et la mauvaise place », souligne-t-il.


De son côté, le personnage de Vincent est extrêmement vivant, extrêmement humain. « C’est comme un petit garçon dans le corps d’un garçon de 17-18 ans. », explique Théodore Pellerin en décrivant son personnage. « Il a été entraîné par son oncle, par sa famille, dans quelque chose d’assez violent et il a vraiment développé un amour pour ça. »


En effet, accompagné de son frère, Vincent va collecter de l’argent pour son oncle et on sent que cette activité donne un sens à sa vie. « C’est comme ça qu’il s’affirme. Il aime instaurer la peur chez les autres. Mais en même temps, c’est quelqu’un de très fragile: dès qu’on touche à sa famille, quand sa mère ou son frère ne vont pas bien, qu’ils sont affectés, Vincent perd tous ses repères et il ne sait plus où donner de la tête. »


Un thème de prédilection


La famille est un thème des plus importants pour Sophie Dupuis. L’idée du film est partie d’une rencontre avec une mère dont le fils était un jeune collecteur et qui acceptait ce que ce dernier faisait par peur de le perdre. Toutefois, c’est pour une raison bien particulière que Sophie Dupuis a décidé de traiter de ce sujet : « Tout le côté criminel du film, c’est un contexte dans lequel la famille évolue pour faire un film de famille, au final », explique la réalisatrice.


« Je veux toujours aborder les relations de famille. On dirait que c’est toujours ça qui revient dans tous mes scénarios. Ça me fascine les relations frères/sœurs, moi qui suis enfant unique. Ces relations-là, super serrées, un peu comme d’amour inconditionnel, me fascinent, » poursuit-elle.

Sans nécessairement avoir fait de recherches sur ce contexte familial, la réalisatrice se fie à son instinct pour livrer une œuvre cinématographique empreinte de réalisme.


« Ça a été vraiment instinctif et aussi avec ce que je connais de la psychologie humaine », explique Sophie Dupuis. « Moi, je tripe sur la direction d’acteur et sur les personnages plus grands que nature. Donc pour moi, de m’intéresser à la psychologie humaine, ça fait partie de tout ça », conclut-elle.


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