Crystal Pite, chorégraphe de Vancouver maintes fois acclamée par la critique et qui a signé plus de 40 créations pour des compagnies d’ici et d’ailleurs, a renoué avec Danse Danse le 17 février pour la première canadienne de son dernier protégé, l’épatant Body and Soul.
Capté en 2019 lors de la première mondiale de la pièce créée pour le ballet de l’Opéra national de Paris, Body and Soul s’invite désormais au Canada grâce à Digidanse. Cette nouvelle initiative, dont Danse Danse et trois autres diffuseurs canadiens font partie, vise à renforcer l’accès numérique à des spectacles canadiens et étrangers alors que le monde de la danse peine à reprendre son souffle.
Crystal Pite ne semble pas s’être imposé de balises en élaborant Body and Soul. En trois parties qui composent un spectacle de 80 minutes, les interprètes s’attaquent à la fois au vide que la mort laisse derrière elle, à la passion brûlante de l’union et à la frénésie de la révolte. Souvent guidés par la voix de la comédienne Marina Hands, qui dicte des séquences de mouvements à répétition, les 36 danseuses et danseurs vacillent entre retenue et relâchement. Leur maîtrise du geste est sans faille et caractéristique du ballet de l’Opéra national de Paris.
Sur les plans musicaux et techniques, la première et deuxième partie de la représentation s’opposent. Cette dernière est toute en douceur. Ponctuée de duos que les compositions d’Owen Belton bercent les uns après les autres, elle incarne un bris d’ambiance clair avec la trame presque anxiogène du début du spectacle. La troisième et dernière partie, cependant, relève carrément d’une autre dimension. Rien ne laissait présager que les interprètes redébarqueraient sur scène déguisés en bêtes sombres et sans visage, faisant crisser leurs longues pattes et leurs pointes au sol dans un concert de chuchotements indéfinissables. Quoique chorégraphiquement, le résultat fut saisissant, la cohérence en a pris un bon coup.
Humains ou pas, en détresse ou en amour, les interprètes ont dansé avec générosité, aussi bien entre eux qu’envers le public. Même sans la magie de la présence en salle, ils et elles ont su posséder l’énorme scène du Palais Garnier de Paris. Crystal Pite, une fois de plus, a prouvé que son imagination – et son talent – ne connaissent aucune limite.
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